vendredi 16 novembre 2012

Kahawa Shamba

après la petite rando sur le mont Meru, une petite visite culturelle sur le café. Grand amateur de café que je suis (ou pas), j'avais déjà expérimenté en Colombie l'an dernier. Allons voir. J'ai réservé ma visite avec le KCNU, la coopérative du Kilimandjaro. Elle regroupe environ 60 à 70 000 adhérents, juste de petits producteurs vivant sur les pentes du Kili.


J'ai décidé d'y aller en Dallah Dallah, le moyen de transport local. J'arrive, le premier est plein, le second arrive quelques temps après et m'y installe à une place de luxe (à coté de la fenêtre). Le principe numéro un, c'est un minibus qui part quand il est plein, mais vraiment plein. C'est à dire 5 personnes par rangées pour les 3 sièges et le strapontin plus quelques personnes debout à l'intérieur. C'est pas grave si ça déborde. Une bonne demi-heure d'attente pour le remplissage.

Vue de la gare routière de Moshi, avec les pubs ultra-présentes de Coca Cola dans tout le pays



Le principe numéro deux, c'est un bus qui fait tous les arrêts sur le chemin, eh oui, il veut descendre là, elle fait un signe pour monter là... même plein, le Dallah Dallah trouve toujours une petite place, hop, je file mon bébé par la fenêtre à quelqu'un assis et je me faufile. Le principe numéro trois, c'est donc lent, une bonne heure pour relier Uru, à 19 km, mais ça permet de profiter de l'animation en chemin

Un marché en route
 

Le dernier principe, c'est évidemment pas cher 700 TSH (Tanzanian Shillings) l'aller, soit la modique somme de 0€35,  surtout comparé au taxi 46 000 TSH l'aller-retour (23 €)

Ensuite, Raphaël, le guide, m'attend pour le dernier tronçon, un bon 20 minutes, en montant. Même après le bon entrainement du Mont Meru les gouttes dégoulinent.

Le fameux "Karibu" (bienvenu). "Kahawa Shamba" signifie ferme/plantation de café.

Vue dans les plantations


Petit tour d'un propriétaire, eh, le taureau. Pourquoi un taureau plutôt qu'une vache? pour son urine, à la différence de la Colombie (plus industrialisé, du moins sur les plantations de café), ils gardent l'urine pendant 21 jours (si je me souviens bien, j'ai tardé à écrire ce post), pour l'utiliser en insecticide. Pensez-y en buvant votre prochain café Tanzanien.
 Après quelques explications sur le commerce équitable version KNCU, Raphael m'emmène dans les plantations, me montrent les fleurs (les mêmes qu'en Colombie) et le butinage des abeilles (ça me rappelle mes cours de primaires)


 
 On verse ensuite notre petite récolte (oui, j'ai travaillé pour la coopérative :) ) dans un "décortiqueur" pour séparer la "pulpe" du grain. Ici, la machine est petite et manuelle alors qu'en Colombie, c'était mécanisé et à plus grande échelle (ils versaient les grains par camion). Raphaël m'explique qu'ici, les plus petits exploitants ne possèdent pas cet outil et viennent donc emprunter la machine de leurs plus gros voisins.

 En sort le grain sans la pulpe

Puis on nettoie le grain dans des grands bacs (ici un petit seau, à la dimension de notre récolte), et on retire les grains flottants car ils ne sont pas fertilisés et donc sans intérêt pour la saveur de notre café

On fait ensuite sécher les grains pendant plusieurs jours en les protégeant des périodes les plus chaudes de la journée

on concasse ensuite les grains pour séparer la peau du grain

Puis la petite Happiness (je n'ai pas retenu son nom en Swahili) secoue et souffle pour retirer les dernières peaux

 Raphael nous fait dorer les grains

puis moud le café à la façon locale

On peut enfin préparer notre café:

J'ai quand même goutté le café (non-filtré), mais bon, je ne suis toujours pas un buveur de café. Sur la table, on peut voir le café dans ses différentes étapes.

Les producteurs ne boivent pas du café tous les jours, mais le réservent pour la vente à l'export. Nous visitons donc la réserve de la coopérative

où les sacs de ces précieux sont soigneusement pesés
 et les quantités notées
grâce au commerce équitable, le petit producteur touche une avance de 3 $ par kilo à la livraison et le complément à la vente effective. La valeur du kilo peut atteindre environ 7$ pour le producteur.

Ici la belle plantation de la mission catholique locale (il y a beaucoup de protestants - luthériens dans le coin). On admire la régularité de l'espacement, normalement tous les 3 mètres, et l'ombre fournie par les grands arbres
 ou parfois les bananiers dont on observe ici la belle fleur et les futures bananes

Sur le chemin du retour, Raphaël m'explique les différentes fonctions d'une plante locale (dont j'ai bien sur oublié le nom en Swahili et en Anglais aussi). Sur pied, elle sert de délimitations des plantations entre les différents propriétaires. Jeté à l'entrée d'un chemin, elle indique un danger. Mise aux quatre coins de la future maison, elle la protégera. En apporter une feuille vous assure le pardon. Mais l'utilisation que je préfère reste la suivante:
 avec une feuille nouée, elle indique la direction de la bière de banane (nous en reparlerons plus tard)

Après un bon repas local, Raphael me ramène au Dallah Dallah.

Pour la petite anecdote, Raphaël a 65 ans, il a bien la forme. Il a 5 enfants, mais pas de petits-enfants, étrange non? Son ainé n'a que 14 ans, il m'a dit qu'il avait attendu un peu avant de se marier.

C'est ainsi que se termine ma visite. Le jour suivant, j'en profiterai pour me rafraîchir en lisant un roman suédois que l'on m'a offert à Noël. (j'ai du retard). Et Gaspard arrivera dans la nuit.

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette coopérative: http://www.kncutanzania.com/tourism.htm
En tout cas, si vous passez par là un jour, je vous conseille leur camping (son calme, son cadre avec vue sur le Kili, sa bonne cuisine) et leurs activités dont j'ai juste fait la visite du café.




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